ET IN ARCADIA EGO
« Et en Arcadie je fus »... qui suis-je au paradis, sinon la Mort -même ?
Je suis un arbre immobile qui parcourt les montagnes
Se penser arbre, est-ce de la philosophie, de la poésie ? Sinon les deux.
Regarder l'arbre à partir de mon corps vieillissant avec le temps écoulé comme mesure en contrepoint m'en rapproche de manière de plus en plus évidente. Pelure, écorce, matière, nœuds, déformations... couché, penché, contorsionné, debout, ridé... en écho perpétuel, l'arbre me dit ce que je suis.
Concrètement l'identification de l'un à l'autre se matérialise à travers un rituel de prises de vue photographique répété tous les 20 ans et des manipulations sur les images obtenues. L'échelle de temps est longue. Les fragments sculptés de bois précieux imputrescible (ébène vert), sont pour leur part la préfiguration d'une dispersion à venir. Quant aux images et poèmes en amorce de l'installation, tout se joue dans leur mobilité spatiale et temporelle comme des taches de couleur dans le fil du vivant.
Entre la fuite inexorable des dates, les béances... que l'arbre permet d'habiter.

Carnet de retour en Utopie
Commencé les premiers jours du confinement, ce carnet est un carnet de voyage immobile sur l'état dystopique du monde. La solastalgie habite les images mais s'efface en fin de parcours...

De la terre
À Mompox, petite ville au bord de la rivière Magdalena en Colombie, dans les décors de Cent ans de solitude, il y a un écriteau à l’intérieur d’un jardin public abandonné : « Soy de la tierra ».
«Je suis de la terre»... de la terre... terre.
Cette série est ma contribution pour un projet collectif initié par la lecture du livre d’Emanuele Coccia (La vie des plantes). L’idée d’impermanence des choses, le retour et les transformations de la matière dans le Grand Tout du monde m'ont toujours fasciné. Avec ma série, les signes de la présence humaine restent des signaux faibles et indirects à l’exception de la main. L’intelligence humaine a longtemps laissé entendre que l’homme pouvait dominer le vivant. J’ai utilisé cette mise en scène de la main comme geste de renoncement et non de création. Du reste, le latex qui la recouvre en peau retournée (en négatif) atteste cette réversibilité à laquelle je souscris.

Extase
L'expérience de l'extase reste le mystère absolu où les visions intérieures ne sont pas duplicables mais pour lesquelles nous devons nous satisfaire d'une autre forme de jouissance, celle de la perception d'effets sur le sujet en extase... Cette série convoque à partir de photogrammes de films X et autre, une vision purement formelle et artificielle d'une expérience incommunicable.
