Je suis un arbre immobile qui parcourt la montagne

Se penser arbre, est-ce de la philosophie, de la poésie ? Sinon les deux.
Regarder l'arbre à partir de mon corps vieillissant avec le temps écoulé comme mesure en contrepoint m'en rapproche de manière de plus en plus évidente. Pelure, écorce, matière, nœuds, déformations... couché, penché, contorsionné, debout, ridé... en écho perpétuel, l'arbre me dit ce que je suis.
Concrètement l'identification de l'un à l'autre se matérialise à travers un rituel de prises de vue photographique répété tous les 20 ans et des manipulations sur les images obtenues. L'échelle de temps est longue. Les fragments sculptés de bois précieux imputrescible (ébène vert), sont pour leur part la préfiguration d'une dispersion à venir. Quant aux images et poèmes en amorce de l'installation, tout se joue dans leur mobilité spatiale et temporelle comme des taches de couleur dans le fil du vivant.
Entre la fuite inexorable des dates, les béances... que l'arbre permet d'habiter.